Un soir d’hiver alors que la neige se met à tomber, une fillette se perd dans la ville. Soudain, elle aperçoit une boutique étrange, nommée Victor Kopek — Panoplies sur mesure, dont la vitrine ne laisse apparaître qu’un amas de valises. De la porte s’échappe une odeur de gâteau aux pommes qui convainc l’enfant de rentrer. Ici et là, elle découvre alors tout un tas d’objets, et accrochés aux murs, miroirs et portraits en noir et blanc de personnes avec une valise. C’est à ce moment précis que le propriétaire des lieux fait irruption et propose un goûter à la fillette. Très vite, en un tourbillon, après lui avoir exposé son activité de « magicouturier », il se met à lui créer des panoplies. Elle en est toute déconcertée ; elle n’avait rien demandé ! Cependant, la curiosité l’emporte. Quand l’étrange personnage disparaît, elle décide donc d’ouvrir les cinq valises renfermant les cinq panoplies imaginées par celui-ci : cela va de la panoplie d’aventurière invétérée à celle de princesse. Toutes les valises contiennent des choses plus improbables les unes que les autres, telles qu’une tenue de caméléon bien repassée, une langue bien pendue ou encore la liste des plus jolis mots. Que faire de tout cela ? L’une de ces valises accompagnera-t-elle la fillette dans l’aventure périlleuse qu’est la vie ?
L’étrange boutique de Viktor Kopek est un album qui nous plonge dans un univers fantastique, tout en nous amenant à réfléchir à notre propre existence. Pour que la magie opère, il faut d’abord planter le décor. Pour cela, les illustrations de Nicolas Zouiamis sont indissociables du texte d’Anne-Claire Lévêque. L’illustrateur semble vouloir nous plonger dans la ville de Londres, au XIXe siècle. La prédominance du noir et du blanc associés à des touches de couleurs subtilement posées font l’originalité de l’album. Cela me fait, d’ailleurs, penser au travail de Sibylle Delacroix. Dans ce livre, chaque détail vaut la peine d’être scruté, quitte à renouveler sa lecture à plusieurs reprises. Justement, attardons-nous sur le texte. L’héroïne de l’histoire est également la narratrice à la première personne. Nous ne connaissons pas son prénom. Mais il est très tentant de vouloir l’appeler Alice, tant on peut trouver de similitudes entre cette histoire et celle de Lewis Caroll. Il y a d’abord cette fillette curieuse, mais aussi la présence du chat, le magicouturier à la tête des jumeaux Tweedle et à l’énergie du chapelier fou, ou bien encore les étiquettes sur les flacons, le goûter… Cependant, les références sont multiples, et c’est cela qui est délicieux. Certains éléments du récit ou des illustrations pourront, par exemple, nous faire penser aux Contes de ma Mère L’Oye ou à Mary Poppins. Ce Viktor Kopek, quel personnage ! Étrange, bien sûr. Néanmoins, c’est lui qui va distiller toute la fantaisie, la magie et la poésie de l’histoire. Il donne à chaque personnage qui vient à sa rencontre de quoi cheminer au mieux dans la vie ; ensuite, libre à chacun de se créer une existence à son image. Alors, forcément, on referme le livre en se demandant quelle valise pourrait être la nôtre !
L'étrange boutique de Viktor Kopek, d'Anne-Claire Lévêque, illustré par Nicolas Zouliamis - Saltimbanques éditions (2023)
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